The Red Thin Line
De Terrence Malick
Avec Sean Penn, Adrien Brody, Jim Caviezel, Nick Nolte
Musique de Hans Zimmer
(1998)
En 1942, en plein Pacifique, la bataille de Guadalcanal fait rage, opposant les Américains aux Japonais. Dans un paysage paradisiaque, les soldats se livrent une bataille sanglante où tous perdront une partie d'eux-mêmes.
Malick a des doigts d'or ...
Fidèle à ses thématiques de prédilection, c'est en pleine guerre du Vietnam, que le réalisateur confronte la bêtise de l'homme, sa rage, sa violence mais aussi ses doutes et ses espoirs à la Nature, instance sereine et apaisante, déifiée comme dans la majorité de ses films.
J'ai toujours ressenti les films de Malick comme de longs fleuves où l'on se laisse porter. Les réflexions en voix off (véritables portes ouvertes sur l'intimité des protagonistes), la superbe photographie qui surgit au détour d'un carnage, les ralentis et le rythme si spécifique au réalisateur - tout cela contribue à instaurer une véritable sensation de réflexion et de profondeur, sensation qui arrive même à prendre le pas sur l'horreur et la violence des combats (de la boucherie) mis en scène.
On retiendra ces plans fixes sur la mort, celle qui arrive ou qui est déjà passée. Des plans dont on ne peut détourner le regard soit parce qu'ils arrivent à transmettre un moment de grâce, presque de légèreté, soit parce que leur longueur ne permet pas au spectateur d'y échapper (je pense à ce visage enfoui dans la terre). Ces moments nous disent à la fois toute l'absurdité du trépas dans ce contexte inhumain et sa simplicité aussi - comme étape avant l'au-delà. Car Malick est toujours aussi spirituel et nous rappelle encore et toujours la fragilité de l'homme face à l'Autre.
Et puis The Red Thin Line, c'est une brochette d'acteurs immense et complètement incroyables. Ils sont tous plus ou moins bien connus du grand écran et leurs échanges et leurs interactions participent fortement de l'intensité du film. Malick a choisi soigneusement ses partenaires: Nick Nolte (terrifiant), Jim Caviezel, Adrien Brody (dans un rôle muet), Sean Penn, Elias Koteas, Ben Chaplin (et Miranda Otto dans des scènes si simples mais si belles), John Travolta, George Clooney et tellement d'autres!
Une nouvelle approche du quotidien de l'homme confronté à un conflit qu'il ne maitrise plus - à la mode Malick. C'est poétique et lent. C'est terriblement dur et fascinant en même temps. A voir !